Portage à bras poupon

Formation de monitrice de portage : La genèse de la série

Dans la série "Formation de monitrice de portage", je vous partage des conseils pour choisir au mieux sa formation en portage. D'où me vient l'idée de cette série ? D'une expérience vécue...

Table des matières

En novembre 2024, j’ai décidé qu’il était temps que je refasse une formation de monitrice de portage, en ligne cette fois. Je voulais changer des formats en présentiel, tester de moi-même les avantages et inconvénients de ces formations et m’épargner l’organisation d’un déplacement. Pour plus de compatibilité avec mon quotidien, j’ai choisi une formation en asynchrone, où je peux consulter les ressources à mon rythme, sans visio ou RDV à des dates imposées.

Notez que mon objectif n’est pas de dénigrer, mais de partager un retour critique sur une formation afin d’aider d’autres futures monitrices à faire un choix éclairé.

Un livret au contenu… périmé

Je m’intéresse d’abord au livret pédagogique, contenant près de 73 pages (rassurez-vous une partie est une intégration d’articles d’autres auteurs), de données plus ou moins scientifiques :

Classification du bébé humain en « porté » ou « Trageling » (actif ou passif, mis en parallèle des nidicoles et nidifuges). Aucune donnée probante ou de consensus scientifique existe autour de cet argument, qui sert simplement à justifier d’une nécessité absolue au portage.
Pour m’être mangée la lecture en allemand de Bernhard Hassenstein (1) (pour ce post de TELP, d’ailleurs), c’est carrément décevant de ne pas trouver de réelle source à ce mythe dont j’entends parler depuis ma première formation de monitrice de portage, en 2020.

Cerveau triunique (reptilien, limbique et neo-cortical). Une conception du cerveau humain datant des années 50, critiquée depuis pour plusieurs raisons : elle est éloignée des connaissances actuelles sur l’évolution, d’autres mammifères possèdent un néocortex…(2) Bref, ce n’est plus d’actualité.

Portage face au monde dangereux, hyperstimulant… Les arguments sont désuets, validistes, culpabilisants, sans aucune preuve ou amorce de source pour justifier de l’origine du propos.
Si vous voulez en savoir plus sur le face au monde, je vous conseille l’article « Portage de bébé face au monde, c’est quoi le problème ? » de Marie-Reine Truphème, formatrice du CEFOP.

Des conseils d’ateliers déconnectés de la réalité. Un atelier de portage à faire en 10 temps, tel un protocole à appliquer (RIP l’adaptation et la spontanéité…) : un temps d’accueil, des présentations, du portage à bras, les bienfaits du portage, « la position physiologique », des infos et sécurité, les différentes catégories d’écharpes, les nouages, une « remise des accès aux vidéos de portage site yyy (de l’OF) » (si c’est les mêmes que celles de la formation, ils vont adorer les parents ! cf partie à venir « Une qualité vidéo digne de dailymotion »)…

Vous y trouverez aussi une liste des nouages à présenter aux parents selon le type d’ateliers.
Et j’espère vraiment que leur bébé dort bien la nuit, parce qu’ils s’apprêtent à découvrir au minimum 6 installations, par atelier !

Des choix discutables

Lors d’une formation de monitrice de portage, il est parfois nécessaire pour les formatrices de faire un choix quant aux techniques transmises.

Par exemple, pour passer au dos un enfant, plusieurs options sont possibles :

  • Par la hanche à nue : sans outil pour sécuriser,

  • Par la hanche avec outil : début de hanche à boucle, un porte-bébé pré-installé sur le coté… ,

  • En voltigeur : pris sous les aisselles, l’enfant est soulevé dans les airs (C’est impressionnant mais les bambins adorent !),

  • En baluchon : en écharpe, pour les nourrissons…

Passage au dos à nu

En formation, idéalement, on aimerait tout montrer aux monitrices de portage pour qu’elles maitrisent tous les types de passages et puissent ainsi s’adapter à toutes les familles. Seulement, il est impossible de tout retenir et (généralement) impossible de tout transmettre dans le temps imparti : on fait donc des choix. Dans le cas des passages au dos, on privilégie une mise au dos avec sécurisation, comme le passage par la hanche avec outil.

Ici, le choix est fait de ne travailler QUE des passages aux dos dits « à nus » (sans outils pour sécuriser l’enfant).

Pour les stagiaires, il s’agit de techniques difficiles à apprivoiser, laissant souvent en difficulté avec un sentiment d’incompétence et de non-maitrise de la situation et ce, même lorsque travaillé avec un poupon (qui ne se jette donc pas en arrière comme un vrai bébé !).

Pour les parents, ce n’est pas une technique qui inspire confiance puisque « rien » ne tient l’enfant. Oui, les parents expérimentés ont tendance à être bien à l’aise avec cette technique, mais ce n’est pas le cas des novices. J’adore ce passage au dos, c’est celui que j’ai pratiqué avec mes enfants dès leurs 4 mois, pourtant je ne la montre jamais en atelier.

Des approximations plus que régulières

Je vais illustrer cette partie avec un unique exemple, pour nous faire gagner du temps à tous : les pass en portage.

Genèse de la série formation monitrice de portage pass

Si vous ne savez pas ce que c’est, voici mon article « Recette d’un nouage en écharpe ». Tout au long de la formation, le nouage « enveloppé croisé (ou enveloppé, double croisé) » sera appelé « double enveloppé croisé » (cet extrait).

De la même façon, dans une veine tentative de rendre le « double hamac » plus compréhensible à son audience, la formatrice dit « vous verrez au final, que notre double hamac, ne sera rien d’autre qu’un double demi kangourou » (cf cet extrait). Alors que… un hamac, c’est un hamac ; un kangourou, c’est un kangourou. Ce n’est pas parce qu’on s’est loupées sur le nom du “kangourou côté” qu’il faut se lancer dans une réécriture du dictionnaire du portage.

Il s’agit là d’une incompréhension/ méconnaissance de la part de la formatrice, seulement il s’agit là de la BASE d’un nouage : son nom indique de quoi va être fait le nouage, et c’est une connaissance dont les monitrices de portage ont besoin pour COMPRENDRE de quoi elles parlent quand elles disent « double hamac », « kangourou ventre »…

Si vous voulez en apprendre plus sur les pass, les dénominations des nouages et pourquoi, j’avais co-organisée une conférence en ligne (toujours disponible) « Comprendre les composantes d’un nouage », pour l’association TELP.

Une qualité vidéo digne de Dailymotion en 2008

Dans la formation en ligne, s’il y a bien UN élément d’important, ce sont les vidéos. Surtout lorsqu’on suit une formation de monitrice de portage, où il y a de la pratique à bras et des nouages à appréhender. Il est alors requis du matériel de qualité : pour que les explications des étapes de nouages soient bien audibles, que visuellement les installations soient compréhensibles, que le rythme de la vidéo permette à l’apprenant de suivre.

Pour ma part, je me suis retrouvée avec un tiers des vidéos fournies, filmées verticalement avec un téléphone, LORS d’une formation donnée en présentiel (certainement pendant le Covid, la formatrice portant un masque chirurgical, ce qui n’aide pas à rendre audible son propos), le tout sans micro, et sans (généralement) faire de montage. Parce qu’une image vaut milles mots, voici une illustration vidéo.

Ponctuellement, j’ai aussi le droit à des petites musiques de relaxation en fond sonore (cet extrait). Malheureusement, l’absence de micro ne me permet pas de profiter de ses sonorités dont j’aurai pourtant cruellement eu besoin. Nan parce que sortir 90€ + son FIF PL (600€) pour ça, ça pique un peu…
Vous êtes curieuses ? Je vous en prie, voici quelques extraits

En conclusion...

Vous avez certainement ri une ou deux fois à la lecture de cet article, et c’est bien normal, car je l’ai écrit (un peu) dans ce but.

Mais, je me dois de rappeler que c’est grave de vendre une formation, à des prix exorbitants, pour une qualité plus que discutable.

C’est (pour le moins) embêtant de montrer des techniques qui semblent à moitié maîtrisées à des personnes qui se croiront, à l’issue des 2h58 de vidéos (et oui, j’ai compté, et même fait recalculer par ChatGPT, tellement ça me semblait peu !), prêtes à exercer en tant que professionnelles du portage.

Pour moi, c’est dangereux. Une monitrice de portage ne fait pas que jouer avec des poupons : elle est l’exemple que vont suivre les parents, la voix qu’ils vont écouter. Si la transmission est bancale ou le geste mal maîtrisé, c’est la sécurité du bébé qui est en jeu.

Parce que toutes les formations en portage ne se valent pas, cette série « Formation de monitrice de portage » vous propose des clés concrètes pour faire un choix éclairé. 

NOTE : Cet article reflète une expérience personnelle et n’a pas pour but de généraliser ou de désigner nommément un organisme ou une personne.

(1) HASSENSTEIN. Verhaltens-biologie des Kindes, Überarbeitete und erweiterte Neuausgabe. Piper. Munich, 1987.

(2) https://www.sciencepresse.qc.ca/actualite/detecteur-rumeurs/2023/10/11/possede-cerveau-reptilien-faux , consulté le 23/01/2025

 

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